Le Design Sprint vu par un expert en data-marketing
Emmanuel Granger
PME, start-ups ou grands groupes peu importe la taille de l’entreprise, le secteur d’activité : industrie, banque, alimentation ou la finalité : projet, service, stratégie. Le Design Sprint se présente comme la méthode agile innovante présente dans les différents milieux d’expertise et proposant des solutions adaptables.
Afin de mieux définir la méthode du Design Sprint sous tous ses angles, nous avons recueilli différents témoignages de professionnels adeptes de la méthode et ayant des domaines d’expertises distincts. L’objectif est d’obtenir des regards entremêlés afin d’avoir la vision la plus complète possible et ses apports selon chacun des experts interviewés.
Bonjour Emmanuel, peux-tu te présenter et nous parler de ton domaine d’expertise ?
Je m’appelle Emmanuel Granger, je suis responsable d’un laboratoire intégré de recherche, d’innovation et de développement au sein d’un groupe marketing, ESM, qui fait partie du groupe IDAIA. Mon expertise se concentre sur le data-marketing, où j’accompagne les entreprises dans l’exploitation stratégique des données pour optimiser leurs actions marketing et leurs processus.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste la méthode du Design Sprint, et quelle est ta vision de celle-ci ?
Le Design Sprint est, pour moi, une mise en pratique concrète du Design Thinking, une méthode développée par Google. Elle consiste à rassembler différentes personnes autour d’une problématique précise, et ce, pendant 3 à 5 jours, afin de co-créer et de prototyper une solution. C’est un processus structuré qui permet d’avancer rapidement tout en impliquant divers points de vue.
Quels avantages offrent ces méthodes collaboratives dans ton domaine d’expertise ? Comment innovation et accélération sont-elles intégrées dans le processus ?
Le principal avantage du Design Sprint est qu’il permet de passer rapidement de l’idée au prototype. Cela permet de tester une solution en amont, directement auprès des utilisateurs, ce qui est essentiel dans un domaine comme le data-marketing, où chaque erreur peut coûter cher en temps et en ressources. Un autre grand avantage est la participation de toutes les parties prenantes, qu’elles soient directement impliquées dans le projet ou qu’elles aient un regard extérieur. Cela crée des moments d’échange précieux et favorise une véritable co-construction. De plus, les règles démocratiques du Sprint, où chacun a une voix égale, sont particulièrement bien conçues pour encourager cette collaboration.
Pourquoi recommanderais-tu l’utilisation de ces méthodologies de travail dites « innovantes », notamment pour la gestion de projets ?
Je la recommande pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le Design Sprint permet de réunir toutes les personnes impliquées dans la résolution d’une problématique dès le début. Cela permet d’éviter les critiques ou les corrections tardives, car chacun participe activement à la création de la solution. Ce processus responsabilise les équipes et élimine les retours « à posteriori » qui freinent souvent l’avancement d’un projet. Enfin, le Design Sprint introduit une phase de test qui manque souvent dans les processus classiques. Cela permet de valider rapidement des idées en les confrontant à la réalité, un gain de temps inestimable.
Peux-tu nous donner un exemple concret d’un projet que tu as traité via un Design Sprint ?
L’un des projets les plus marquants a été la constitution d’un référentiel national d’adresses. Cela a nécessité une préparation en amont de plusieurs mois, mais le Design Sprint lui-même a duré 3 jours. Nous étions 11 participants, incluant des experts de différents domaines (juridique, développement, marketing), réunis pour travailler ensemble. Ce fut la première fois que nous réussissions à mobiliser autant d’expertises au sein de l’entreprise sur un même sujet. L’expérience a été extrêmement positive et productive pour tout le monde. Aujourd’hui, le Design Sprint est, selon moi, une méthode incontournable, notamment dans la gestion des projets liés à la data.
Quelle est, selon toi, la place de l’interdisciplinarité dans les processus collaboratifs, et pourquoi est-elle si importante ?
L’interdisciplinarité est essentielle, mais malheureusement, elle est encore peu pratiquée dans les entreprises au quotidien. Libérer du temps pour permettre à des personnes issues de différents métiers de collaborer est un défi culturel et organisationnel. Les réunions classiques, souvent moins productives, sont encore privilégiées, le Design Sprint, plus court et plus intensif, pouvant paraître inhabituel. Pourtant, cette méthode offre un cadre propice à la collaboration interdisciplinaire, et c’est là qu’elle tire toute sa force. Mais j’alerte sur un point : il est essentiel de respecter l’intégrité du processus. Un Design Sprint fractionné et qui s’étale sur plusieurs semaines, perd beaucoup en efficacité. L’important est de maintenir la concentration et l’engagement croissants qui caractérisent cette méthode. C’est un processus intense, mais c’est aussi ce qui en fait la richesse. On en sort épuisé intellectuellement mais fier d’avoir autant avancé !