Rencontre avec Gökçe et Enzo du Pimms Médiation Cenon
Hélène Desliens, Présidente d’Experteez, a mené une interview pleine d’énergie et de bonne humeur tout en abordant des sujets importants comme l’inclusion numérique et la professionnalisation. Merci à Enzo et Gökçe pour leur implication et bravo pour leur engagement auprès des publics en situation d’illectronisme et leur contribution à la mission sociale du Pimms Médiation Cenon.
Présentation du Pimms Médiation Cenon
Hélène : Bonjour à tous les deux, merci de me rejoindre aujourd’hui ! Pour commencer, pouvez-vous nous parler un peu du Pimms Médiation Cenon ?
Gökçe : Bien sûr ! Pimms Médiation Cenon est une association régie par la loi de 1901, née d’une initiative de la Ville de Cenon. Notre mission est double : d’une part, faciliter l’accès des populations aux droits sociaux et aux services publics, et d’autre part, créer des emplois durables et des parcours de professionnalisation. Concrètement, nous avons deux types de médiations : les médiations sortantes et entrantes.
Les médiations sortantes impliquent des missions de prévention, d’information et de sensibilisation dans divers lieux publics – chantiers, transports en commun, bureaux de poste… Ces actions sont menées pour nos partenaires, tels que La Poste, EDF, Enedis, SNCF, Keolis, Bordeaux Métropole, et bien d’autres. À l’inverse, les médiations entrantes consistent à accompagner le public dans ses démarches administratives et à organiser des ateliers numériques dans un lieu fixe, ouvert à tous et gratuit, où Enzo anime ses sessions.
Nous sommes très fiers d’avoir obtenu la certification de norme de médiation sociale en 2019 et d’avoir été récemment labellisés France Service.
Le quotidien d’un médiateur
Entre numérique et social
Hélène : Enzo, peux-tu nous parler de ton quotidien en tant que médiateur au sein du Pimms ?
Enzo : Absolument ! Mon rôle de médiateur social et numérique consiste principalement à accueillir le public pour les accompagner dans leurs démarches administratives. L’idée est de faire « avec » et non « à la place », même si ce n’est pas toujours simple de pousser vers l’autonomisation. Je m’occupe aussi de toute la partie numérique : je crée les supports pour les ateliers, j’anime des réunions, je prépare les contenus et j’anime des sessions avec mon collègue. Nous avons des créneaux réguliers, le mardi après-midi et le jeudi matin. On s’efforce de constituer des groupes homogènes pour éviter les écarts de niveau qui pourraient freiner l’apprentissage.
En outre, nous organisons des ateliers intensifs une fois par mois pendant une semaine, où nous abordons des sujets spécifiques comme Excel, Word, Canva ou encore l’utilisation des smartphones.
Hélène : Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans ce domaine ?
Enzo : Ah, ça remonte à loin ! (rires) Depuis le collège, j’ai toujours été attiré par le social. J’ai commencé par une filière animation et médiation, pensant d’abord à l’animation touristique pour voyager. Mais je me suis vite rendu compte que ce qui me passionnait vraiment, c’était d’aider les autres. J’ai donc suivi un CAP agent de prévention et de médiation, puis un bac en services de proximité (SPVL). Ensuite, je me suis orienté vers un BTS, mais la motivation m’a manqué en deuxième année. Après une expérience malheureuse en usine, j’ai su que ma place était vraiment dans le social. Et c’est comme ça que je suis arrivé au Pimms !
Recrutement et formation
Une passion partagée
Hélène : Gökçe, qu’est-ce qui t’a poussée à recruter Enzo, même s’il n’avait pas terminé son BTS ?
Gökçe : C’est surtout son enthousiasme et son humilité. Lors de l’entretien, j’ai vu quelqu’un de très investi, qui avait un excellent contact avec les usagers. On a tout de suite su que c’était une perle rare. C’est d’ailleurs grâce à cet engagement qu’il a été embauché en CDI, alors que nous proposons principalement des contrats aidés de 12 mois. Enzo a vraiment démontré son potentiel dès le début !
Hélène : Enzo, tu as suivi la formation Aladdin* avant de poursuivre avec le parcours Solidarité Numérique**. Qu’est-ce qui t’a motivé à continuer, alors que tu maîtrises déjà beaucoup d’éléments ?
Enzo : J’ai toujours l’envie d’apprendre. Chaque formation peut apporter quelque chose de nouveau, même si ce sont des détails. Et puis, la pédagogie m’intéresse énormément, notamment en matière de communication. Dès que j’ai l’occasion d’apprendre, je fonce !
Le défi de la certification
Hélène : Qu’est-ce qui t’a motivé à passer la certification ?
Enzo : Après avoir suivi la formation, je voulais une reconnaissance officielle. Ça prouve un certain niveau de compétence numérique, mais aussi des capacités pédagogiques pour animer un atelier. C’est valorisant à la fois pour moi et pour l’association.
Hélène : Comment as-tu vécu l’examen de certification ?
Enzo : (rires) J’étais tellement stressé ! J’avais étudié tout le référentiel et je me disais que c’était plus compliqué que je le pensais. Mais finalement, ça s’est bien passé. Bon, le RGPD reste mon point faible, mais j’ai géré l’examen écrit et oral sans trop de soucis.
Gökçe : Je me souviens quand je t’ai fait la blague en te disant que tu avais échoué à cause du RGPD. Tu étais blanc comme un linge ! (éclats de rire)
Enzo : Oui, c’était cruel, mais heureusement, ce n’était qu’une blague ! Quand j’ai eu les résultats, j’étais tellement fier !
Encourager la formation et la certification
Hélène : Gökçe, pourquoi as-tu encouragé Enzo à passer cette certification, malgré les coûts en temps et en finances ?
Gökçe : C’est vraiment l’objectif de notre association d’encourager les salariés à se former. Cela leur permet de maintenir une bonne employabilité. Pour Enzo, c’était évident, vu son intérêt pour le numérique et son investissement constant. Avoir des médiateurs certifiés, c’est aussi un atout pour notre association. Cela montre que nous sommes à jour et prêts à nous adapter aux évolutions du marché.
Hélène : Et qu’est-ce que vous diriez à un homologue d’Enzo qui n’a jamais été formé ?
Enzo : La formation, c’est essentiel, surtout pour la pédagogie. Il y a tellement de choses que l’on pense faire correctement, mais qui peuvent être mal interprétées. Se former permet d’acquérir une perspective objective et d’améliorer ses pratiques.
Gökçe : Oui, et avoir un médiateur certifié, c’est un gage de qualité. Ça donne une vraie âme à nos ateliers.
Hélène : Merci beaucoup à tous les deux pour cet échange enrichissant. Bravo Enzo pour ta réussite, et merci à Gökçe pour ton soutien indéfectible. Vous êtes une équipe formidable !
*ALADDIN : Dans le cadre de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, Bordeaux Métropole et la Préfecture ont signé la mise en œuvre d’un volet inclusion numérique, appelé « projet ALADDIN : A La Découverte D’Internet et du Numérique » qui permet de former les personnes en situation de précarité sur des usages numériques cibles : la prévention des arnaques en ligne, la sécurisation de leurs données, de leur identité et le mail. ALADDIN s’appuie sur un réseau d’associations, d’entreprises de l’ESS et d’acteurs publics (bibliothèques, espaces publics numériques, …) avec le soutien de Bordeaux Métropole, les équipes de Médias-Cité et d’Experteez sollicitées pour ce projet.
**Parcours de formation Solidarité Numérique :
La « Solidarité Numérique » vise à mettre le numérique au service du lien social et de la solidarité, afin de mieux répondre aux besoins des habitants, des institutions, des associations et plus largement à l’ensemble des acteurs du territoire. Le parcours de formation “Solidarité numérique”, déployé depuis 2018, a été conçu pour les professionnels de proximité, acteurs de proximité (agents de CCAS, médiateurs, bibliothécaires, salariés de centres d’animation de quartiers, aides à domicile, bénévoles d’association…).
Il a pour double objectif :
- qu’ils s’approprient des bonnes pratiques et compréhension des outils numériques
- qu’ils sachent identifier, parmi leurs publics, pour qui “faire à la place” ou ceux qui peuvent gagner en autonomie.
Ce parcours a déjà permis de monter en compétences plus de 700 personnes.
Les enquêtes de satisfaction ont permis de confirmer la qualité des animations et la réponse aux besoins des intervenants sociaux avec une note de 19,7 / 20 en 2023.
La certification, déposée par Experteez sous le numéro RS6284 depuis le 27 mars 2023 intitulée “Accompagner les publics en difficulté avec le numérique (illectronisme) dans leurs démarches en ligne”, apporte une véritable réponse aux besoins des professionnels aidants et valorise une compétence essentielle utile dans leur relation quotidienne avec les publics.